Après 5 voyages et 100 000 km nous sommes
repartis en novembre 2011 pour un 6e voyage en Amérique du Sud.
A
L’ALLER, le Grande Argentina se présente au Havre
avec déjà plus d’un mois de retard. Nous embarquons le 7 novembre 2011
et après 32 jours à bord (dont 1 semaine de réparations sur la coque à
Dunkerque), nous arrivons à Rio de Janeiro où nous devons abandonner nos 5 véhicules
sur le quai. Ils seront chargés dans le cargo suivant car le Grande Argentina ne va pas plus loin
mais repart en Europe.
Le 9 décembre, à Rio de Janeiro la
compagnie nous expédie à Buenos Aires en avion avec les 6 autres passagers et
prend en charge : taxis, billets d’avion, hôtel, restaurants. C’est normal,
nous voyageons, en principe accompagnés de nos camping-cars, en pension
complète jusqu’à Buenos Aires…
Samedi 10
décembre. A la télé c’est la cérémonie d’investiture de la présidente
argentine Cristina Kirchner nouvellement réélue.
Les relations sont exécrables entre
l’Angleterre et l'Argentine. Ce sera bientôt la commémoration du 30e
anniversaire de la guerre des Malouines (ou Malvinas ou Falkland). Situées à 500 km de l’Argentine, les Anglais
les ont colonisées au XIXe siècle et refusent de les abandonner aux
Argentins. Elles furent le théâtre d’une guerre meurtrière voici 30 ans.
Cette bataille perdue galvanise les réactions nationalistes des Argentins.
Peuplé de 3 000 habitants et de troupeaux de moutons, cet archipel
renferme aussi du pétrole… Pour tenter de les récupérer, la présidente
argentine a entamé une guerre d’usure pour nuire aux intérêts de la Grande
Bretagne par tous les moyens. Et comme certains des 80 navires de Grimaldi (dont
le Grande Argentina) sont
immatriculés à Gibraltar, territoire anglais, nous en subissons les
conséquences.
GRIMALDI
JOUE AVEC NOS NERFS
L’un des passagers
va chaque jour aux nouvelles, mais rien ne vient. Sur le site www.trafficmarine.com nous
pouvons parfois suivre l’étrange parcours du Grande San Paolo qui, avons-nous appris, transporte nos véhicules. Après
plusieurs jours à l’arrêt dans le rio de la Plata au large de Montevideo, il
passe une première fois devant Buenos Aires sans s’arrêter, remonte le rio
Parana plus haut que Zarate, où il reste 2 jours puis redescend et repasse une
2e fois devant Buenos Aires sans s’arrêter, puis stationne au large
de Quilmes, repasse une 3e fois devant Buenos Aires sans s’arrêter,
remonte pour la 2e fois le rio Parana jusqu’à Zarate, imaginez
l’attente les bagages prêts, le stress...
FAUX DÉPART
Mercredi
28 décembre. Grimaldi a réservé 2 taxis pour emmener les 5 passagers
conducteurs à l’escale de Zarate (à 100 km) afin d’y récupérer nos
camping-cars, pendant que les épouses patientent à l’hôtel avec les bagages
bouclés.
A la douane
de Zarate, après une matinée de démarches avec l’aide d’un agent de Grimaldi, à
midi il reste un papier à faire mais le bureau ne rouvre qu’à 13 heures. Le
moral est bon, nous allons pouvoir enfin commencer nos périples avant Nouvel
An. Mais à 12 h 15 on vient nous dire que nos véhicules sont restés dans le Grande San Paolo qui est en route pour
la capitale. Imaginez notre déception et celle de nos épouses. Et l’écœurement
de celles qui devront déménager, emporter les bagages dans un autre hôtel, car ils
ont rendu nos 5 chambres. Par chance, 2 n’avaient pas été relouées, dont la
nôtre. La communication entre les bureaux de Grimaldi à Buenos Aires et leurs
navires n’est pas non plus leur point fort ! A Buenos Aires, ils nous disent
que la douane ferme demain soir jeudi pour 4 jours à cause de Nouvel An !
L’écœurement est à son comble.
Le Grande San Paolo transportait également
des véhicules du Dakar. Ce qui explique en partie son étrange parcours. Il les
a déchargés plus haut que Zarate, dans un port réquisitionné à cette occasion.
Le 3 janvier 2012, 58 jours après avoir
embarqué au Havre nous récupérons enfin et sans frais nos 5 camping-cars, après
26 jours d’attente à l’hôtel, dont Noël et Nouvel An.
Mauvaise surprise, certains ont été volés et
l’un d’eux pillé et vandalisé. Ça arrive souvent quand on n’accompagne pas et
qu’on doit laisser nos clés pour que des chauffeurs les chargent et les déchargent.
Pour faire l’inventaire de ce qui nous a été volé, nous allons tous ensemble au
petit camping L’Hirondelle de Tigre où nous retrouvons avec plaisir Beatriz et
Angel, toujours aussi accueillants, et d’autres touristes français.
A ceux qui pensent que Grimaldi nous a gâtés
en payant pour nous hôtel et restaurants jusqu’à l’arrivée de nos véhicules,
nous répondons que cela correspond à leur engagement de nous transporter en
pension complète avec nos véhicules du Havre à Buenos Aires.
Notre but était de traverser l’Atlantique en
environ un mois puis de réaliser un parcours terrestre dans nos camping-cars où
le logement ne nous coûte rien et où on prépare nous-mêmes nos repas de façon
économique, plutôt que vivre aux crochets de la compagnie sans rien pouvoir faire
d’autre qu’attendre. Ce retard considérable a coûté à Grimaldi mais ne nous a
rien rapporté, il a anéanti nos projets.
Après en
avoir débattu tous les 8, certains passagers allemands, qui maîtrisent bien
l’anglais, ont négocié pour nous tous et obtenu de la compagnie, en
dédommagement pour ce voyage raté, une remise substantielle sur le voyage de
retour. C’était de sa part la reconnaissance de sa responsabilité dans le
préjudice que nous avions subi.
A
noter que les touristes qui étaient partis d’Europe en avion en expédiant leur
véhicule en fret ou en container ont attendu comme nous mais n’ont eu droit à
aucune indemnité ni prise en charge de leurs frais d’hôtel, etc.
Ecœurés de
ne pas pouvoir réaliser notre projet d’aller jusqu’au Pérou et en Equateur
faute de temps, en février nous avons décidé de rentrer. Réservation auprès de
Mme Catalina pour un départ prévu sur le Grande
Africa le 29 mars, donc arrivée prévisible au Havre fin avril.
LE
RETOUR
A Buenos Aires, nous avons déjà attendu 10
jours avant d’embarquer à bord du Grande
Africa, le 9 avril. Pas de chance, il est lui aussi immatriculé à
Gibraltar et les autorités argentines retardent volontairement notre
bateau, confisquant nos passeports et ceux de l’équipage.
A Rio montent 4 Brésiliens, des solides
gaillards présentés par des officiers (suédois) comme des gens qui sont là pour
notre sécurité (serions-nous en danger ?). En fait ils escortent 3 Noirs prisonniers,
des jeunes Sierra Leonais, passagers clandestins décidés à quitter leur pays,
l’un des plus pauvres du monde, qui étaient montés à l’aller à Freetown. Ils
avaient été débarqués et retenus prisonniers au Brésil avant d’être reconduits
dans leur pays dans le Grande Africa
qu’ils avaient pris à l’aller, où ils sont de nouveau prisonniers. Ils sont
enfermés dans la prison du navire et quand nous nous inquiétons de la raison de
leur présence et de leur sort, des officiers viennent nous dire de partir,
interdiction de parler aux prisonniers, ordre du capitaine, que ces gens
pourraient être dangereux, qu’ils pourraient entre les barreaux de la porte nous
attraper par un bras… (et peut-être aussi nous bouffer ???) Ayant échangé
nos adresses mail, nous avons su depuis qu’ils sont bien rentrés chez eux.
Nous passerons 41 jours à bord avant de
débarquer à Anvers, le 19 mai, l’escale du Havre étant supprimée et le Grande Africa retiré de la ligne.
Nous avons
déjà pris le Grande Brasile, le Repubblica del Brasile, le Grande Buenos Aires (2 fois), Grande Argentina, Grande Amburgo dont
nous n’avons pas eu à nous plaindre.
Bien sûr un
cargo n’est pas un bateau de croisière. Les dates ne sont pas garanties, la
priorité c’est le fret, pas les passagers. On leur doit malgré tout certaines
prestations : un minimum de considération, la communication des
modifications de parcours autrement que par un papier en anglais qu’on fait
passer, une cabine correcte (nous avons dû en changer 3 fois !), propre et
en bon état et des éléments de confort tels que ceux décrits dans les
prospectus de Grimaldi.
Le Grande Africa est en piteux état, en
travaux, une partie du mobilier est absente et le reste n’est pas fameux. Au
lieu de manger dans le mess des officiers on nous a mis dans le salon
transformé en réfectoire, qui ne contient rien d’autre qu’un buffet bas, pas de
fauteuils, ni canapés, ni tables, ni télévision. Les tables sur lesquelles nous
mangions conviendraient mieux dans mon garage, le salon est devenu une sorte de
cantine. On se sert soi-même dans le mess des officiers, lui aussi en chantier,
où on a le choix entre plusieurs plats. Une fois le repas fini on débarrasse.
Mais on ne fait pas encore la vaisselle… C’est la première fois que ça nous
arrive. Les heures des repas sont très spéciales sur ce navire : 7 h 30, midi, 17 heures. Quand on est
diabétique et qu’on doit avaler des cachets à chaque repas, ils devraient être
correctement espacés.
De plus les réserves de nourriture s’épuisant,
le cuisinier philippin faisait ce qu’il pouvait avec ce qui lui restait.
Au bout d’une vingtaine de jours plus d’eau
minérale mais de l’eau de mer dessalinisée, plus de jus de fruits, plus de
fruits sauf des pommes, plus de légumes frais mais de patates et du riz à tous
les repas, en guise de crudités des pickles, de la mayonnaise en bocaux à la
place du beurre au petit déjeuner, des œufs en quantité impressionnante mais
aucun achat pendant les escales. Le ravitaillement se fait uniquement à Anvers.
Ils auraient quand même pu se réapprovisionner aux escales brésiliennes, à
Dakar puis à Hambourg ou même à Londres ! Nous n’avons heureusement pas
souffert de la faim, mais faute d’approvisionnement les repas se ressemblaient
de plus en plus.
C’est lamentable vis-à-vis des passagers qui
ont payé pour des prestations hôtelières correctes, cette 7e
traversée a été pour nous minable, c’est la première fois. J’ai fait des photos
pour en témoigner. Quand un hôtel est en travaux, il est fermé. Et l’équipage
était malheureusement aussi mal servi que nous !
CONCLUSION
Grimaldi a
anéanti notre 6e voyage, qui était le dernier en Amérique du Sud. Et
comme vous le savez, on ne vit qu’une fois !
La moitié : 3 mois et une semaine (99 jours) en
navigation ou en attente à l’hôtel et autant à nous balader en Land Rover en
Argentine et au Chili.
Découragés
après tout ce temps perdu, la majorité des passagers du Grande Argentina sont comme nous rentrés dans les 3 mois.
Nos 2 premières traversées en 2003 et 2004
avaient duré au total 53 jours, dont 26 jours à l’aller et 27 au retour. Cette
fois nous avons mis 46 jours de plus.
Heureusement les passagers et les équipages étaient
agréables à l’aller comme au retour et, la mer calme.
Pendant notre périple terrestre pas de panne
malgré ou grâce à l’âge de notre Land Rover qui vient d’avoir 18 ans (donc
dépourvu d’électronique). Nous avons fait encore de belles rencontres et
retrouvé des amis.
L’Argentine réduit ses importations et Grimaldi
subit de plein fouet les conséquences de la diminution du fret sur la ligne Europe/Buenos
Aires et supprime des navires, provoquant des retards et annulations pour les
passagers. En ce moment traverser l’Atlantique pour rejoindre l’Amérique du Sud
avec son camping-car est devenu bien difficile.
Bonne chance à ceux
qui partent ou qui rentrent, ils en auront besoin…
bonjour, votre récit est passionnant - j'ai moi-même effectué un aller avec le grandé Brasil et le retour 9 mois plus tard avec le Grande Buenos Aires. Même bateau (même N° de cabine) -question bateau aucun problème...mais au niveau du commandement c'est pas pareil!!! à l'aller c'était sous pavillon suédois - un équipage aux petits soins - nous étions des rois !!! un capitaine son second - for mi da bles. Au retour commandement et pavillon italien - pas sympa du tout - les passagers n'existaients pas - la bouffe dégueu. les escales : connait pas - pas de descente.à terre!!! même le service du buanderie était cata. Pour ce qui est des pillages sur les véhicules: c'est du classique - les véhicules qui traversent sans accompagnements sont pratiquement toujours pillés - A l'aller le capitaine suédois nous avais informé, et nous avions au cours de certaines escales, assuré des quarts pour surveiller nos véhicules - ce qui n'a pas empêché que des véhicules non-accompagnés soient visités - il faut voir avec quelles agilité et rapidité cela s'opère. Je compte redescendre cette hiver sur l'argentine et m'a-t'on dit , il n'a a pals d'escale à Buenos Aires. bon vent...bons voyages....
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